jeudi 14 avril 2011

Sur le chemin…

Je l’ai vu partir, là-bas
au début du chemin de terre
soulignant le carré de vieilles vignes
ce chemin d’un autre temps, le chemin
du cimetière comme on l’appelle par ici…

Je l’ai vu partir un matin
un matin d’hiver
froid, froid et sec ce matin-là
quand les lueurs d’orient effacent les étoiles
les toutes dernières…

Sur ce fragment de chemin
je le revois partir
droit et volontaire
pas question de rebrousser chemin !
je l’avais croisé, la veille : rires et souvenirs
je m’en souviens bien, oui… très bien
j’étais là, fixe, derrière le carreau
comme derrière un miroir sans tain
quand je l’ai vu, filer ; dans les mains : rien
partir, se frayer un autre chemin…



On le sent
partir quand il est temps
pas trop tôt, et avec
au sein, la faim
de retrouver son chemin
de reprendre le chemin
car, enfin, il faut le quitter le chemin
ce chemin tout tracé, sans lacets
ce chemin en ronde, sans fin
où l’on finit par se perdre, en chemin…

Alors
on sort, tu sors, je sors…
il est l’heure de sortir de chez soi
de sortir de soi
de partir, de prendre l’air
l’air de rien, sans besace
décidé à reprendre le chemin
chemin de Damas
peut être vers Cythère
pour un temps, un autre temps

Peu importe l’heure, le jour, la saison
partir à l’heure
à son heure
seul, léger, très léger
ne pas s’embarrasser !
prendre le vent
le vent en chemin
vers l’horizon
poursuivre son chemin

Matin, ou soir
au levant, ou dans le noir
mais partir, pas trop tard
sortir, puis partir
sortir pour autre part
pour reprendre le chemin
un chemin sans retour
sans bagage…

jeanPaul coLomb

Décembre 2008

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“Un poète doit laisser des traces de son passage non des preuves. Seules les traces font rêver.”

René Char