vendredi 29 mai 2020

Nostalgie… (3)

     

     L'arbre

     J’avais un grand arbre vert
     Où nichait mon enfance ailée,
     Un arbre grand troué de lumière
     Qui remplissait le haut de mon âme.

     J’avais de douces branches vertes
     Où chantait mon enfance triste,
     Des branches vertes et sonores
     Qui répétaient les chagrins de mon âme.

    J’avais mille feuilles vertes
    Où palpitait l’élan de mon enfance,
    Des feuilles lisses et captives
    Comme les oiseaux de mon âme.

    J’avais un grand arbre vert
    Où se dénouait la fleur de mon enfance,
    Pour quel printemps, pour quelle abeille?
    Pour quelle joie, pour quelle souffrance?

Rina Lasnier

jeudi 21 mai 2020

Nostalgie… (2)




Il me tarde de partir
pour oublier des joies moisies

Le soir s'annonce au pied de l'arbre
Le soleil se retire
Quand se décante l'oubli

J'attends la révélation
Elle garotte mon cœur
Et la nuit s'élance sur la traîne du jour

J'embrasserais volontiers
Mon enfance perdue
Si j'en avais le loisir

L'éclair du départ me foudroie


Nimrod
Extrait de Paysages
in Petit Éloge de la lumière nature


jeudi 14 mai 2020

Nostalgie… (1)

Le tablier

Vous souvenez-vous du tablier de votre grand-mère ?
Les mères et grands-mères portaient un tablier par-dessus leurs vêtements pour les protéger car elles avaient peu de robes de rechange. En fait, il était beaucoup plus facile de laver un tablier habituellement en coton qu’une robe, une blouse ou une jupe, faites d’autres tissus. Le principal usage du tablier de grand-mère était donc de protéger la robe, mais en plus de cela: 
Il servait de gant pour retirer un plat brûlant du fourneau, bien avant l’invention des « mitaines à fourneau ».
Il était merveilleux pour essuyer les larmes des enfants et, à certaines occasions, pour nettoyer les frimousses salies. 
Depuis le poulailler, le tablier servait à transporter les œufs, les poussins à réanimer, et parfois les œufs à moitié éclos, que maman déposait dans un fourneau tiède afin de faciliter leur éclosion. 
Quand il y avait de la visite, le tablier servait d'abri aux enfants timides... d’où l’expression : « Se cacher dans les jupons de sa mère ». 
Par temps frais, maman le relevait pour s’y emmitoufler les bras et les épaules. Par temps chaud, alors qu’elle cuisinait devant le poêle à bois, elle y épongeait la sueur de son front. 
Ce bon vieux tablier faisait aussi office de soufflet, alors qu’elle l’agitait au dessus du feu de bois pour le ranimer.

C'est lui qui servait à transbahuter pommes de terre et bois sec jusque dans la cuisine. 

Depuis le potager, il servait de panier pour de nombreux légumes ; après que les petits pois aient été récoltés, venait le tour des choux. En fin de saison, il était utilisé pour ramasser les pommes tombées de l'arbre.

Quand des visiteurs arrivaient à l’improviste, c'était surprenant de voir avec quelle rapidité ce vieux tablier pouvait faire la poussière. 

A l'heure du repas, grand-mère allait sur le perron agiter son tablier, c’était signe que le dîner était prêt, et les hommes aux champs savaient qu'ils devaient passer à table. 
Grand-mère l'utilisait aussi pour sortir la tarte aux pommes du four et la poser sur le rebord de la fenêtre, afin qu'elle refroidisse ; de nos jours sa petite fille l’y pose aussi, mais pour la décongeler... Autres temps, autres meurs! 
Il faudra de bien longues années, avant que quelqu'un invente un vêtement, qui puisse rivaliser avec ce bon vieux tablier utile à tant de choses. 
Danger ? 
On deviendrait bien fou aujourd’hui rien que de songer à la quantité de microbes qui pouvaient s’accumuler sur le tablier en une seule journée !

En réalité, la seule chose que les enfants de l’époque aient attrapée au contact du tablier de maman ou de grand-maman,
c’est de l’amour. 
Auteure inconnue envoyée par une amie d'une amie sage-femme

vendredi 8 mai 2020

Couleurs (7)



Chaussons arlequin

Regard étonné du matin
arrêt d'un instant éveillé
là, ses pieds colorés

sur le tapis rouge, posés
endormis ou ensommeillés
aller vers quel destin ?

couleurs de silence
ou de rêves bariolés
ils gardent leur secret
seuls dans la confidence

Jean-Paul C.

vendredi 1 mai 2020

Couleurs (6)


Enfant j'avais
d'indiscrets regards
où les filles se lavaient
et s'habillaient ;
j'en gardais de beaux frissons
et de douces pensées…

Les filles étaient mes soeurs
figées en moi comme l'on cache
dans son mouchoir
des ailes d'insectes,
des mouches mortes

ou des billes de réglisse vertes.

Claude Bugeon
Une traînée rouge sang

“Un poète doit laisser des traces de son passage non des preuves. Seules les traces font rêver.”

René Char