Déjà l’odeur des feuilles flétries
flotte dans l’air,
Comme des yeux sans regard,
les champs de blé sont vides ;
Nous le savons,
un des prochains coups de tonnerre
Donnera le coup de grâce
à notre été livide.
Les cosses sèches des genêts crépitent.
Sous peu,
Tout ce que nous pensions tenir
dans nos mains,
Merveilleusement leurrés
par les fleurs des chemins,
Nous semblera soudain
lointain et fabuleux.
Dans l’âme apeurée
croît l’envie angoissée
De ne pas s'agripper au destin
plus longtemps,
De flétrir comme les feuilles d’un arbre,
offrant
À l’automne de la vie une fête colorée.
Herman Hesse
Éloge de la vieillesse