samedi 20 août 2022

Mot (1)

Mot après mot,

le plus souvent,

rien ne se dit qui importe

Rien qui soit de source profonde

Et qui résonne en soi

Mais qui, trop souvent,

résonne en soi sans être entendu

Ni compris

et sans que soit rendu possible

un échange

 

Alors qu'un seul mot peut suffire

mais dit à lèvres douces

comme un poème d'amour

Comme en amour

Jacques Lelong

mardi 2 août 2022

Lumière dans le Noir… (7)

Noir

Avec mes mots, j’aimerais jouer du Soulages.

Comme jouer du Pierre Boulez.

C’est lié, car je suis attaché autant à l’un qu’à l’autre.

Pierre Soulages, le peintre de l’outrenoir.

Il vient d’avoir cent ans.

L’outrenoir, à rapprocher de cet extrait du Tao-tö king de Lao-tseu :

« Obscurcir cette obscurité

Voilà la porte de toutes les subtilités. »

Soulages : quel grand œuvre que le sien ! Grand œuvre qui nous invite à voyager dans l’espace-temps sidéral, au-delà de la nuit. Jusqu’à atteindre l’unité de la matière, son absolu – là où elle s’interroge – et, en réponse, la transparence des ténèbres…

Profond voyage ontologique, capteur de lumière après avoir dépassé la densité pour parvenir à l’intensité.

D’où ce petit texte, pour jouer du Soulages :

Quête obscure

à grands traits sur la neige

Puissante de tous les feux

devant lesquels se mettre à nu

Et à grands traits sur la nuit

Où obstinément ne s’abolit

la neige de haute lice

Jacques Lelong

“Un poète doit laisser des traces de son passage non des preuves. Seules les traces font rêver.”

René Char