Nuit
Au seuil du sommeil,
faut-il entrer dans la nuit ou faut-il l’accueillir en soi ?
S’offrir à elle ou bien la faire sienne ?
Est-ce la nuit qui s’ouvre à celui qui va s’endormir
ou alors est-ce lui qui s’ouvre à elle ?
Elle, un océan à parcourir,
ou plutôt un gouffre où sombrer ?
Espace de conquête ou lieu d’abandon ?
Lieu d’accès au néant,
sinon à une lumière autre où tout se révèlerait ?
C’est à la lisière de la mort que peut se concevoir
l’interrogation, mais pas encore à l’orée du sommeil ;
le sommeil où va continuer de se tisser la vie,
à l’insu du dormeur.
Où, sans qu’il y assiste, se renouvelle, nuit après nuit, sa venue au monde.
Là où se confirme ce qu’il est, en lui-même.
Sans qu’il le sache !
Et c’est ainsi qu’au petit matin,
il ne se souviendra de rien, sinon de ses rêves.
Jacques Lelong