lundi 4 avril 2016

Dans le tourbillon des années 20…


Tendre évocation

Moins de deux kilomètres à l'intérieur des terres, là où les pins cèdent la place aux peupliers poussiéreux, se trouve une gare isolée. Un matin de Juin 1925, un cabriolet Peugeot vint y chercher une mère et sa fille, pour les conduire à l'hôtel Causse.

L'hôtel Causse, rien à voir avec ce que je m'imaginais ! Dis, Maman, dans l'exemplaire du Petit Journal illustré du 24 Juillet 1921, l'hôtel photographié en  première page ne se trouvait pas dans cette ville de province ou nous allons passer notre semaine de congés payés ? Bien sur que non ma fille ! Deauville, pour nous, c'est du cinéma ! mais tu verras, tu rapporteras je l'espère, un excellent souvenir de ces quelques jours de congé.



La chambre se situait au premier étage ; en écartant les rideaux la vue est attirée par une superbe place animée garnie en son centre d'une fontaine et ceinte de pins magnifiques qui embaumaient la résine.

Le confort était au rendez-vous et même un savon Palmolive était abandonné sur le lavabo. Finalement, cela s'annonçait mieux que prévu. Après avoir rangé nos affaires, ma mère et moi sommes attirées par une promenade sur cette belle place si tentante vue de la fenêtre.





Quelques arcades abritaient des commerces : un marchand de journaux exposait toute une série de Bécassine qui me ramenaient quelques années en arrière.

Plus loin, un coiffeur vantait la marque L’Oréal : plus un cheveux blanc, toujours trente ans ! Un peu plus loin, un bazar bourré d'articles divers allant du pulvérisateur à insecticide fly-tox, au balai O’Cedar, la cafetière Salam...



Mais, nous ne sommes pas là pour faire des courses, arrêtons-nous pour prendre un apéritif ; huit jours de congé, ça se fête ! Allez, tu commences à être grande, prenons un verre de Dubonnet, tu sais comme dans le métro : dubo, dubon, Dubonnet ! Il n'y a pas qu'à Paris qu'on peut se distraire ; tiens, regarde l'affiche du cinéma en face, il passe  le film Pêcheur d'Islande réalisé par Jacques de Baroncelli, demain, promis, on y va.

Je commençais à ne plus trop penser à Deauville quand le son d'un accordéon m'interpella, en plus il chantait des chansons de Vincent Scotto, Damia, Maurice Chevalier ! Et, à la fin de chaque chanson il proposait à la vente pour un pris modique un exemplaire de la musique de la chanson, et les auditeurs étaient invités à reprendre le refrain en chœur !

J'ai toujours cet exemplaire dans un placard, il représente pour moi le souvenir merveilleux de premières vacances ou les choses simples suffisent pour être heureux.

Monique P.

Photos : exposition Dans le tourbillon des années 20   Médiathèque de Saintes (17100)                     http://www.votre-expo.com/         

“Un poète doit laisser des traces de son passage non des preuves. Seules les traces font rêver.”

René Char