jeudi 29 décembre 2016

Décembre (3)


Le jour t'élève
à l'envers des soleils couchants

Qui es-tu hurleur
ta tête tourne au vin bu

La volée des feuilles
flagelle ton corps nu

Qui es-tu
quel poison écartèle ton sang

La fleur du caféier
lève et s'ouvre
au silence…

Tchicaya U Tam'si
J'étais nu pour le premier baiser de ma mère

mardi 27 décembre 2016

Décembre (2)


Quand la beauté t'habite,
Comment l'assumes-tu ?
L'arbre assume le printemps
Et la mer le couchant,
Toi, comment assumes-tu
La beauté qui te hante ?

Toi qu'habite la beauté,
Tu aspires à une autre
Plus vaste que le printemps,
Plus vive que le couchant
— déchirante, déchirée —
Qui pourrait t'assumer

Hormis l'éternel Désirant ?

 François Cheng De l'âme

dimanche 18 décembre 2016

Décembre (1)

Puisque jadis un rêve
A été déposé
Ici, rêve d'une montée
Sans fin vers l'espace autre,
Désormais nous guetterons
Le réveil du dragon…

Viens rêve-réveil nôtre !
François Cheng Quand les âmes se font chant

vendredi 25 novembre 2016

Au lieu de…



Au lieu de me dire : je suis à l’automne de ma vie, une seule culbute, tout sera fini…

Si je me disais : j’ai tout le chemin à parcourir à rebours, de ralentis en ralentis, du jardin de ma grand’mère à l’île de Madère, de la grenade au creux de l’enfance à la main de ma bien-aimée, jusqu’au parfum de pêche ou de lilas à tout jamais en moi, si proche de l’éternité…


D'après L'or des Anges Bernard Faucon Chambres d'amour

lundi 13 juin 2016

Géométrie & couleurs


Parcours cinétique…

Jeux de lumière
couleurs et
transparences…

nos regards jouent
à voir autrement
le silence immobile

des vieilles pierres…

Les pages du temps
s'effeuillent en rouge
vert ou jaune

tout en rondeur
ou en angle aigu
en plissements

suivant l'instant…
L'instant suspendu
s'échappe, perdu
ou s'accroche à

un reste de silence, à
des notes d'aujourd'hui
des notes d'autrefois…
JeanPaul Colomb

Réalisations et installation de Annie Brunetot

vendredi 3 juin 2016

[Quand il pleut… ]


[Quand il pleut… ]
je regarde le monde
ses couleurs m'inondent…
[Quand il pleut… ]
j'entends les roses sourire
s'ouvrir, s'épanouir, mourir…

[Quand il pleut… ]
j'écoute Ravel tout doux
Ondine et ses Jeux d'eau…

[Quand il pleut… ]
je conte sur les nuages
avec eux, je voyage…

[Quand il pleut… ]
je cuisine des petits pois
à la mode d'autrefois…
[Quand il pleut… ]
je lis Cheng ou Mankell
leurs mots ont des ailes…
JeanPaul C.

dimanche 29 mai 2016

Glycine (2)


Je suis l’amoureux
de la lune…
Mon cœur qu’un vain rêve importune
Est fleur qui ne s’épanouit
Que sous la lune
et dans la nuit…
Il n’est de rêve
qu’âme une…

Mes heures conscientes sont
Passées dans mon propre horizon…
Courbé de mon lointain,
je rêve
Ma propre absence,
et je m'enlève
À mon corps,
murs de ma prison…

Fernando Pessoa (1888-1935)
in Rue Transversale

mardi 24 mai 2016

Glycines (1)


Les ors, les violets,
les verts, les pourpres fiers
Éclatent dans le bleu naissant de l’Orient.

Les doutes, les désirs,
les ardeurs, les colères
Troublent l’océan bleu de l’âme qui m’est chère.

Pourpres et violets s’entremêlent, arrêtant
Au seuil le Dieu Soleil qui revient des enfers.

Les doutes, les colères closent pour un moment
Cette âme sans laquelle
mon âme est un néant.

Rémy de Gourmont (1858-1915)
Extrait de Symboles in La poésie symboliste.
Anthologie par Jean-Marie Sapet

lundi 4 avril 2016

Dans le tourbillon des années 20…


Tendre évocation

Moins de deux kilomètres à l'intérieur des terres, là où les pins cèdent la place aux peupliers poussiéreux, se trouve une gare isolée. Un matin de Juin 1925, un cabriolet Peugeot vint y chercher une mère et sa fille, pour les conduire à l'hôtel Causse.

L'hôtel Causse, rien à voir avec ce que je m'imaginais ! Dis, Maman, dans l'exemplaire du Petit Journal illustré du 24 Juillet 1921, l'hôtel photographié en  première page ne se trouvait pas dans cette ville de province ou nous allons passer notre semaine de congés payés ? Bien sur que non ma fille ! Deauville, pour nous, c'est du cinéma ! mais tu verras, tu rapporteras je l'espère, un excellent souvenir de ces quelques jours de congé.



La chambre se situait au premier étage ; en écartant les rideaux la vue est attirée par une superbe place animée garnie en son centre d'une fontaine et ceinte de pins magnifiques qui embaumaient la résine.

Le confort était au rendez-vous et même un savon Palmolive était abandonné sur le lavabo. Finalement, cela s'annonçait mieux que prévu. Après avoir rangé nos affaires, ma mère et moi sommes attirées par une promenade sur cette belle place si tentante vue de la fenêtre.





Quelques arcades abritaient des commerces : un marchand de journaux exposait toute une série de Bécassine qui me ramenaient quelques années en arrière.

Plus loin, un coiffeur vantait la marque L’Oréal : plus un cheveux blanc, toujours trente ans ! Un peu plus loin, un bazar bourré d'articles divers allant du pulvérisateur à insecticide fly-tox, au balai O’Cedar, la cafetière Salam...



Mais, nous ne sommes pas là pour faire des courses, arrêtons-nous pour prendre un apéritif ; huit jours de congé, ça se fête ! Allez, tu commences à être grande, prenons un verre de Dubonnet, tu sais comme dans le métro : dubo, dubon, Dubonnet ! Il n'y a pas qu'à Paris qu'on peut se distraire ; tiens, regarde l'affiche du cinéma en face, il passe  le film Pêcheur d'Islande réalisé par Jacques de Baroncelli, demain, promis, on y va.

Je commençais à ne plus trop penser à Deauville quand le son d'un accordéon m'interpella, en plus il chantait des chansons de Vincent Scotto, Damia, Maurice Chevalier ! Et, à la fin de chaque chanson il proposait à la vente pour un pris modique un exemplaire de la musique de la chanson, et les auditeurs étaient invités à reprendre le refrain en chœur !

J'ai toujours cet exemplaire dans un placard, il représente pour moi le souvenir merveilleux de premières vacances ou les choses simples suffisent pour être heureux.

Monique P.

Photos : exposition Dans le tourbillon des années 20   Médiathèque de Saintes (17100)                     http://www.votre-expo.com/         

jeudi 3 mars 2016

Papillons blancs


La fenêtre au lever
se tinte des voltes
de papillons blancs

floconnant sans cesse
dansent, fleurissent
sur des partitions nues

ces papillons blancs
légers, jamais affaiblis
me font fondre et rêver

à la fenêtre du lever
je dessine des feuilles
à tout jamais colorées

blancs papillons, merci
enfant à Noël je suis
en ce jour tout blanc…
jeanPaul

“Un poète doit laisser des traces de son passage non des preuves. Seules les traces font rêver.”

René Char