mardi 22 septembre 2015

Dire l'Amour







« Je te l’ai dit… »

Je te l’ai dit
pour les nuages
Je te l’ai dit
pour l’arbre de la mer
Pour chaque vague
pour les oiseaux
dans les feuilles
Pour les cailloux du bruit
pour les mains familières
Pour l’œil qui devient visage
ou paysage
Et le sommeil lui rend le ciel
de sa couleur
Pour toute la nuit bue
Pour la grille des routes
Pour la fenêtre ouverte
pour un front découvert

Je te l’ai dit
pour tes pensées
pour tes paroles

Toute caresse
toute confiance
se survivent.

Paul Éluard Je te l'ai dit…
Extrait de l'anthologie Dire l'amour

mercredi 16 septembre 2015

Au dernier tintement de clochette


Moi
Abattue par balle
Au premier tintement de cloche
Sur ce même siège de la tribune officielle
Accusée, une sorcière
Devenue belle par un simple malentendu
Et ses empreintes sur toutes les tablettes de l'histoire
Près de l'innocence vulgaire
Près des embryons pourris
Au coin du ventre de la rue

Je me suis échappée des grottes de Lascaux
Au premier tintement de clochette
De la civilisation de la nuit
Des dents acérées de Majnoun

J'étais la seule danseuse des mers sans matelots
La plus fière des fruits interdits
Aiguilles arrêtées sur l'heure du cancer

Siegfried !
Cet arc brisé sur l'épaule droite
Ne prouve pas ma mort
Il me faudrait deux témoins pour prouver
Mon existence sur les tablettes mensongères

Au dernier tintement de clochette
Silence respect
Officiellement accusée
Le verdict est projeté
Sur mon innocence
Sur une sorcière
Devenue femme
Par un simple malentendu.

Roja Chamankar Je ressemble à une chambre noire
Éditions Bruno Doucey

mardi 15 septembre 2015

Tulipes [ variation 1 ]










Papillons de couleurs

fripés, frisés, froissés

rient et déplient leurs

ailes de nacre moirées








temps gris ou rose

vols vifs suspendus


hors de toute chose


jeunesse [é]perdue







plus rien ne bouge

sur le fond fusion

écran total rouge

vert [tige] illusion


jeanPaul

“Un poète doit laisser des traces de son passage non des preuves. Seules les traces font rêver.”

René Char