Avec mes mots, j’aimerais jouer du Soulages.
Comme jouer du Pierre Boulez.
C’est lié, car je suis attaché autant à l’un qu’à l’autre.
Pierre Soulages, le peintre de l’outrenoir.
Il vient d’avoir cent ans.
L’outrenoir, à rapprocher de cet extrait du Tao-tö king de Lao-tseu :
« Obscurcir cette obscurité
Voilà la porte de toutes les subtilités. »
Soulages : quel grand œuvre que le sien ! Grand œuvre qui nous invite à voyager dans l’espace-temps sidéral, au-delà de la nuit. Jusqu’à atteindre l’unité de la matière, son absolu – là où elle s’interroge – et, en réponse, la transparence des ténèbres…
Profond voyage ontologique, capteur de lumière après avoir dépassé la densité pour parvenir à l’intensité.
D’où ce petit texte, pour jouer du Soulages :
Quête obscure
à grands traits sur la neige
Puissante de tous les feux
devant lesquels se mettre à nu
Et à grands traits sur la nuit
Où obstinément ne s’abolit
la neige de haute lice
Jacques Lelong
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